LA CRAIE

Chaque jour, nous sommes subtilement conditionnés à faire partie de groupes, représentés – consciemment ou inconsciemment - par des marques et des idées de consommation.
En nous comparant à des modèles ou à des idéaux, la publicité nous vend la croyance que nous ne serons heureux, en bonne santé, en sécurité ou accomplis qu’en consommant tel ou tel produit ou service.

Limiter l’accès à un bien de consommation est une autre technique savamment utilisée par le marketing. Rendre un produit rare ou exclusif donne le sentiment illusoire que seuls quelques élus pourront y accéder, renforçant un sentiment de distinction chez le consommateur. C’est pourquoi la plupart des marques de luxe se prêtent au jeu de rarifier leurs produits, les destinant à une minorité perçue alors comme sophistiquée.

L’éphémérité de mes œuvres ne réside pas dans la force ou la grandeur de la peinture elle-même, mais dans la fragilité de son existence. Un léger contact avec un tissu humide est ainsi en mesure de faire disparaître toute l’exubérance contenue dans l’image, ne laissant qu’une trace, un souvenir du passé.

La fugacité de tout ce que nous connaissons représente simplement la mort du présent.
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La craie

Après plusieurs années de travail avec des centaines d’enfants différents, j’ai pu constater que la craie exerce systématiquement sur eux un attrait extraordinaire. Mettez un bout de craie dans la main de n’importe quel enfant et il trouvera instinctivement un endroit pour laisser une trace, même s’il la découvre pour la première fois. Ce geste primitif est comme ancré dans les archives de notre ADN.

Alors que nos ancêtres les plus lointains utilisaient déjà du charbon de bois et des morceaux d’argiles pour retranscrire des messages, ils ébauchaient ainsi de façon avant-gardistes certains aspects de leur vie ou de leurs émotions, avec des formes figuratives, que l’on nommera « art » des siècles plus tard. Tracer des formes, gribouiller des sentiments ou esquisser certaines représentations fait partie d’un héritage ancien et primitif qui nous ramène au début de l’humanité.

Chaque trait révèle une connexion profonde avec notre propre essence et rappelle l’importance de préserver notre créativité en tant que partie fondamentale de l’expérience humaine.

Cet héritage du passé devient alors un chemin vers l’avenir, où l’imagination et l’expression personnelle continue de fleurir et d’inspirer.
Les hommes primitifs croyaient que dessiner un animal capturait son âme. Le travail que je développe propose une rencontre entre deux regards, celui de l’observateur et celui de l’observé.